La crise sanitaire a modifié la manière dont les Français règlent leurs achats. Si l’aspect le plus marquant de cette nouvelle donne est le boom du règlement sans contact, d’autres comportements ont également changé. C’est le cas notamment du paiement fractionné. Explications.
En plusieurs fois ou en différé, des modes de paiement qui évoluent
Un sondage récent effectué par Opinion Way pour Floa Bank montre qu’entre 2020 et 2021, les Français se sont fortement tournés vers les solutions de paiement fractionnées ou différées. En effet, ils sont 31% à avoir réglé leurs achats en plusieurs fois (contre 25% en 2020), et ¼ des Français ont également eu recours au paiement différé pour régler leurs achats deux semaines ou un mois après.
Les montants pour lesquels les consommateurs plébiscitent ces modes de paiement sont, dans les 2/3 des cas, inférieurs à 500€. Et même si on pourrait croire que ces facilités de règlement sont utilisées par les ménages aux revenus modestes, il s’agit en réalité plutôt des CSP+ : leur part est de 37% alors que celle des inactifs est de 24%. Pour Marc Lanvin, directeur général délégué de Floa Bank, l’essor des paiements différés ou fractionnés est lié au développement de l’e-commerce suite aux différents confinements. De plus, il ajoute que “les jeunes sont notamment très familiers avec cette nouvelle façon de payer, c’est un service qu’ils apprécient et demandent voire exigent aux e-commerçants".
Fractionner les paiements, une nouvelle forme de crédit ?
Les utilisateurs du paiement en plusieurs fois ou en différé ont recours à cette solution pour deux raisons principales. Il s’agit d’une part d’équilibrer leur budget en répartissant la dépense sur plusieurs mois, et d’autre part de pouvoir faire face rapidement à une dépense imprévue.
Ces aspects rebutent un certain nombre de Français, qui considèrent que cela s’apparente à du micro-crédit. Cependant, les solutions de paiement en différé ou en fractionné proposées sur les sites marchands notamment le sont bien souvent sans aucun frais. Toutefois, cela reste un crédit conso puisque l’utilisateur s’engage, sur plusieurs mois ou plus tard, à régler son achat : le fait que ce soit “facile” de le faire aujourd’hui n’élimine donc pas le risque lié au crédit.
Le gouvernement français souhaite apporter davantage d’information et de transparence par rapport à ces nouveaux modes de paiement, et mieux encadrer les nouvelles formes de crédits comme Alma ou Cresh qui ont vu le jour dernièrement. Dans cette perspective, elle va défendre un renforcement de la directive européenne sur le crédit à la consommation, qui doit être révisée prochainement à Bruxelles.
Protéger les ménages du surendettement est un sujet crucial, et même si les facilités de paiement sont de plus en plus accessibles, il s’agit tout de même de ne pas y céder trop rapidement.