Le mardi 29 juin, les sénateurs adoptaient en première lecture le projet de loi “Climat et Résilience”. Si quelques reculs ont été observés, la chambre haute du parlement a suivi l’assemblée nationale et le gouvernement au sujet des transports aériens et du ferroviaire. La loi prévoit donc désormais l’interdiction des vols intérieurs lorsqu’une alternative en train d’une durée inférieure ou égale à 2 h 30 est possible. Cette mesure est issue des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat qui souhaitait même aller plus loin en faisant passer le seuil à 4 heures pour le plafond d’interdiction des vols courts. Objectif : des émissions de CO2 réduites par trois.
Des mesures qui pourraient encore être améliorées ?
C’était l’une des mesures phares du projet de loi Climat & Résilience : la suppression des vols courts intérieurs lorsqu’il existe une alternative ferroviaire de moins de 2 h 30. Désormais ces transports seront remplacés par des trajets en train, sauf si les avions concernés regroupent plus de 50% de passagers en correspondance, afin d’éviter le report vers des flottes étrangères.
Cette avancée est saluée par les écologistes même si beaucoup souhaitaient aller encore plus loin. Ainsi le Réseau Action Climat (RAC) qui défendait la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat, à savoir, l’interdiction des vols aériens pour des trajets en train de moins de quatre heures (Tel qu’un Paris-Marseille en TGV.)
Selon le RAC, la limite à 2 h 30 implique une suppression de seulement cinq lignes aériennes : Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes, Lyon-Marseille ou encore Paris-Bordeaux. En élevant à 4 heures le seuil limite, près de 23 lignes pourraient être basculées vers le train. Notamment des trajets comme Paris-Nice ou encore Paris-Toulouse, dont le trafic est particulièrement dense, et qui génèrent à elles-seules une grande part des émissions de gaz à effets de serre sur notre territoire.
Un réseau ferroviaire capable de s’adapter.
Si l’on suit le scénario proposé avec un plafond en moins de 4 heures, seules 2 lignes nécessiteraient d’être densifiées : Paris-Biarritz et Lyon-Rennes.
D’après le Réseau Action Climat, il suffirait sur ces lignes de proposer des trains de plus grande capacité pour servir les clients aériens. A créneaux horaires constants, les autres lignes pourraient parfaitement absorber la demande de trafic aérien, moyennant l’ajout de quelques trains supplémentaires.
La fermeture des lignes aériennes concernées ne nécessiterait donc aucun investissement conséquent pour le réseau ferroviaire.
D’après le RAC, il serait même possible d’absorber l’ensemble des voyageurs aériens journaliers de ces liaisons aux heures de pointe, à condition de renforcer légèrement l’offre du train, comme sur des trajets tels que Paris-Nice ou Paris-Toulouse. Seul serait nécessaire l’ajout de quelques créneaux horaires en matinée et le développement d’une offre de trains nocturnes.
Par ailleurs, en plus des avantages environnementaux, les économies réalisées par les usagers plaident également en faveur de cette extension à 4 heures. Comme le montre une étude de l’organisation UFC-Que Choisir, le prix des billets de train sur ces lignes sont en moyenne inférieurs de 4 euros à celui d’un transport aérien.
A la clé : des gains environnementaux très importants.
Selon les organisations écologistes, la suppression des lignes aériennes avec un seuil passant de 2 h 30 à 4 h pourrait multiplier par trois les avantages environnementaux de cette mesure.
L’ONG évalue ainsi que la réduction à 2h30 permet d’obtenir une diminution des émissions de CO2 de 11,2% contre 33,2 % pour un plafond à 4 heures.
De plus, d’après leur étude, la fermeture des lignes aériennes pour lesquelles il est possible de faire le trajet en moins de 5 heures, permettrait d’élever les diminutions à près de 60,6% des émissions actuelles.
Bien qu’elles n’aient pas été suivies par les sénateurs, toutes ces propositions avancées ont cependant permis de rappeler l’urgence de la situation. Elles ont également motivé l’ensemble des élus qui ont approuvé une baisse de la TVA sur les billets de train, de 10% à 5,5% afin d’augmenter les reports de l’aérien vers le ferroviaire.
Pour info :
Avant même l’adoption de la loi “climat & résilience”, Air France s’était déjà engagé à stopper trois lignes intérieures , dès 2020. Cette suppression était demandée par l’état pour conditionner le versement des aides destinées à couvrir les pertes enregistrées avec la crise sanitaire. La loi permettra également d’éviter que le report de ce trafic s’effectue vers d’autres compagnies aériennes, notamment celles qui développent une offre low-cost sur le réseau français.