Grégory Doucet, maire de Lyon a annoncé que l’interdiction de tous types de chauffage sur les terrasses extérieures prendrait effet à Lyon dès le vendredi 26 novembre 2021. Cette mesure prend effet avec un peu d’avance sur le planning national qui prévoit un dispositif similaire sur tout le territoire, dès le 31 mars 2022. Quel impact sur la consommation énergétique et les émissions en CO2 ? Cette mesure a-t-elle déjà été adoptée ailleurs dans d’autres pays ? Quels sont les contrôles prévus ? Comment les Français accueillent cette nouvelle législation, issue de la loi Climat & Résilience ? Quelle incidence pour l’activité des cabaretiers et restaurateurs ? Faisons le point.
Une opinion publique et des professionnels divisés par cette mesure
D’après les résultats d’une enquête de Yougov, 2 français sur 3 estiment que le chauffage des terrasses extérieures représente un gâchis énergétique, mais lorsque la température chute, ils sont également nombreux à les apprécier (67%). 8 fumeurs sur 10 déclarent également être attachés à ce petit confort lorsqu’il fait un temps hivernal.
Bien que cette interdiction soit considérée comme une action utile pour l’environnement (par 60% des Français), seul 1/3 de nos compatriotes considèrent que cette mesure est une bonne décision.
Pour ce qui est des éventuelles sanctions et contrôles, à Lyon rien n’est encore clairement établi, mais l’article 181 de la loi Climat et Résilience, prévoit que dès le printemps 2022, tous les cafetiers et restaurateurs qui chaufferont leurs espaces extérieurs, pourront se voir appliquer une interdiction d’y recevoir leur clientèle.
Quelle économie sur la consommation énergétique ?
L’association “négawatt” a calculé que la consommation hivernale moyenne d’une terrasse de 75 m2, équipée de braséros au propane, peut atteindre près de 50 400 KWH, soit près de 13,7 tonnes de CO2 émis sur toute la saison. Pour comparaison, une voiture berline qui parcourt trois fois le tour de la planète (122 000 km) réalise le même volume d’émissions de GES (Gaz à effets de serre)
Une terrasse de cette dimension avec un chauffage à infrarouge consomme quant-à-elle l’équivalent de neuf familles (hors consommation d’eau chaude et chauffage.)
Selon Emmanuelle Wargon, anciennement ministre de la transition écologique, en finir avec les terrasses chauffées permettrait d’économiser près d’un demi-million de tonnes de CO2 chaque année.
la mesure est-elle adoptée ailleurs dans le monde ?
Pour l’instant, Lyon est une des rares villes d’importance en France a avoir banni les braseros, parasols chauffants et radiateurs à infrarouge. Citons également les communes de Thonon-Les-Bains et Rennes.
Force est de constater, qu’en Europe et dans le monde, la limitation du chauffage extérieur des terrasses est de plus en plus fréquente.
Berlin, Cologne et Munich ont déjà pris l’habitude de s’y plier. Au Danemark et en Suède, également. Là-bas, pourtant, les clients frileux affrontent des températures plus polaires que par chez nous.
Lyon espère ainsi aller vers “plus de sobriété dans l’usage de l’énergie et des ressources, pour les bâtiments comme dans l’espace public” et favoriser ainsi un urbanisme moins énergivore.
Quel impact sur la fréquentation des bars et restaurants ?
Cette mesure entraînera-t-elle une diminution du nombre de clients ? Barbara Pompili, qui succède à Emmanuelle Wargon, a annoncé que la mesure avait été retardé d’un an pour laisser le temps aux professionnels de s’y adapter. Déjà particulièrement touchés par les conséquences de la crise sanitaire, les cafetiers et restaurateurs ne voient pas forcément d’un bon œil cette limitation de leurs latitudes.
La loi Climat & Résilience, prévoit que les cas particuliers seront étudiés avec attention afin que cette limitation ne soit pas un frein coercitif, inutile et contre-productif.
Cette interdiction s’accompagnera-t-elle d’une diminution du nombre de clients et de leurs commandes de plein air ? S’accompagnera-t-elle de notes énergétiques moins salées pour les collectivités et les établissements concernés ? Va-t-elle dans le sens d’une empreinte carbone plus conforme avec les exigences de la transition climatique ? Est-elle une mesure liberticide, est-elle un choix justifié, une disposition nécessaire, une décision pleine de bon sens ? A chacun d’en juger.