L’été 2022 a été ravageur pour de nombreuses forêts en France. Pas moins de 60.000 hectares sont partis en fumée dans les méga-feux estivaux. Le massif des Landes de Gascogne a été particulièrement touché avec plus de 27 500 hectares de forêts touchées (soit l’équivalent de 270 terrains de football). Quelle est l’ampleur précise des dégâts occasionnés ? Comment les professionnels du secteur envisagent les prochains mois ? Ces incendies relancent-ils le débat d’un modèle de sylviculture mieux adapté au réchauffement climatique ?
Quels dégâts suite aux incendies de forêts durant l’été 2022 ?
Au-delà, des préjudices pour la société civile, les premiers impactés sont naturellement les sylviculteurs. Ces forêts sont en effet détenues à 92% par des propriétaires privés. Plus d’un millier d’entre eux, ont vu leurs parcelles détruites.
L’impact est également notoire pour les coopératives, telles que Alliance Forêt Bois, leader français du secteur. Pour exemple, cette coopérative qui réunit près de la moitié des sociétés sinistrées a vu ses résultats de juillet, divisés par deux.
Cependant, il est à noter également, que malgré son caractère spectaculaire et les très gros moyens civils mis en jeu, l’impact sur la forêt a été moins important que la tempête Klaus de 2009.
Pour mémoire, cette catastrophe naturelle avait dévasté 200.000 hectares en mettant par terre 40 millions de mètres cubes de bois en moins d’une semaine, déstabilisant la filière pour plusieurs années.
Comment la filière bois envisage-t-elle de rebondir ?
Les foyers ne sont pas tous éteints que déjà la filière se mobilise sur l’après catastrophe.
30% des surfaces incendiées étaient peuplées d’arbres de moins de 15 ans, et sont entièrement détruites. Pour le reste, l’enjeu est de savoir quelle quantité de bois ayant brûlé pourra être récupérée et exploitée.
Cela représente quand même près de 2 millions de mètres cubes de bois soit 40 % de la production annuelle du massif. Suivant les délais d’intervention, le volume de bois récupérable sera plus ou moins important.
Par ailleurs, selon son état, le bois calciné peut être valorisé de différentes manières. Dans le meilleur des cas, il suit le cycle habituel de production et continue sa vie dans les papeteries. Les bois les plus abimés seront en revanche exploités en bois de chaufferie.
Verra -t-on alors une guerre des prix qui tirerait les tarifs à la baisse ? Pour mémoire, les prix ont doublé en 25 ans. En moyenne, un hectare valait 2.180 euros en 1997 quand il s’affichait à 4.410 euros en 2021.
Comme après la tempête Klaus, les prix du bois pourraient chuter, mais les professionnels sont invités à faire preuve de souplesse afin d’éviter toute décote trop importante. Il est ainsi fort probable que le bois soit stocké afin d’éviter une chute des tarifs, liée à un déséquilibre trop brutal entre l’offre et la demande.
Quel modèle de sylviculture pour l’avenir ?
L’actualité de ces méga-feux relance le débat sur les modèles de sylviculture durable. Depuis quelques années, nombreux sont les scientifiques à réclamer une augmentation de la proportion de feuillus et une plus grande diversité dans les parcelles.
Ces naturalistes rappellent que de nombreuses variétés telles que le chêne vert ou le chêne liège sont bien mieux adaptées aux périodes de sécheresse. L’augmentation des températures actuelles pourrait inviter les professionnels du secteur à tendre une oreille attentive à leurs suggestions.
Une chose est certaine, les forestiers ont très envie de repartir de l’avant, et ne reculeront pas devant les challenges à venir. Pour exemple, un exploitant ayant vu ses 135 hectares brûlés rappelait qu’il voulait replanter dès que possible, précisant également “Dès que nous aurons récolté le bois, nous laisserons faire la nature. Les pignes des arbres tombés au sol après le feu, régénèrent le sol de nouveaux plants. »
Par ailleurs, le gouvernement a mis en place une cellule incendies pour soutenir les sinistrés, particuliers ou entreprises. Proposant ainsi des aides fiscales et des reports de paiements pour les plus impactés.
Rappelons aussi que depuis 2017, la loi prévoit que l’Etat n’intervienne plus après une tempête quand le risque est assurable. Les professionnels sont ainsi incités à augmenter leur niveau d’assurance grâce au dispositif de réduction d’impôts mis en place.