Le géant immobilier chinois ultra-endetté Evergrande est sur le point de s’écrouler, et menace de ce fait tout un pan de l’économie mondiale. Une alerte qui rappelle le mauvais souvenir de la crise de 2008. Explications.
D’où vient la dette d’Evergrande ?
Deuxième promoteur immobilier chinois, Evergrande Real Estate Group a été créé en 1996 par un self-made man, Xu Jiayin, devenu l’homme le plus riche d’Asie. Outre la construction, Evergrande a également investi dans les véhicules électriques, le tourisme, l’eau en bouteille et le football. Il emploie 200 000 personnes mais ce sont 3,8 millions de personnes qui dépendent en réalité du groupe.
Après une croissance fulgurante liée au boom immobilier chinois, Evergrande connaît des difficultés depuis 2012, et plus particulièrement depuis 2015 alors que la Chine fait face à une crise financière. Puis la crise sanitaire est passée par là, mettant encore plus à mal le groupe, qui a emprunté pour éviter le défaut de paiement. Evergrande ne peut plus honorer sa dette et ne trouve pas d’acquéreur pour céder une part de ses actifs.
En quoi la situation financière d’Evergrande met-elle en péril l’économie mondiale ?
Avec les difficultés d’Evergrande, c’est le spectre de la crise financière de 2008 qui ressurgit. Sa probable faillite financière rappelle en effet celle de la banque d’investissement Lehman Brothers aux Etats-Unis, qui a été le point de départ de la crise.
Les places boursières s’en inquiètent particulièrement depuis le 20 septembre 2021 : ce jour-là, la bourse de Hong Kong a clôturé à -3,30% et le CAC40 a également affiché une baisse de près de 2%. En parallèle, le cours d’Evergrande a perdu 17%, ce qui fait au total une perte de 84% depuis le début de l’année. Et le 4 octobre, le géant chinois a suspendu sa cotation à la bourse de Hong-Kong. Ceci pourrait avoir, selon les analystes, un lien avec une restructuration du capital du groupe ou une importante cession d’actifs.
Cependant, les yeux restent tournés vers le gouvernement chinois, qui n’a pas encore clairement indiqué s’il allait soutenir Evergrande et renflouer le groupe. Mais cette faillite aurait des répercussions gigantesques car une partie de la dette est détenue par des banques chinoises, qui ont elles-mêmes confié leurs obligations à des tiers, et donc certains établissements risqueraient de chuter à leur tour. De plus, au moins la moitié de la dette a été contractée auprès de particuliers, qui se sont souvent eux-mêmes endettés.
Une crise majeure de l’immobilier en Chine semble être inéluctable, et elle peut avoir des répercussions au niveau mondial car de nombreux capitaux étrangers sont en jeu chez Evergrande. Mais la solidité des banques chinoises, et la décision de Pékin de soutenir le groupe pourraient permettre d’éviter la catastrophe.
Une défaillance sera donc un séisme pour le système financier de la seconde puissance économique mondiale avec le risque de voir chuter certains établissements à leur tour.